ZHANG MING*
Ce printemps ne sera plus jamais le même. La propagation explosive du COVID-19 a pris de court le monde entier et a démontré plus que clairement à quel point nous sommes étroitement liés. Alors que la pandémie est dans tous les esprits, la Chine et l'UE sont solidaires.

Le 13 avril 2020, à Tianjin, un Antonov-225, le plus gros transporteur au monde, attend sur le tarmac de l'aéroport international de Tianjin Binhai. Il chargera du matériel antiépidémique pour le transporter en Europe.
C'est dans l'adversité que l'on reconna?t ses vrais amis. Lorsque la lutte contre l'épidémie battait son plein en Chine, l'UE, ses états membres et leurs citoyens lui avaient tendu une main chaleureuse et secourable, une aide dont la Chine est profondément reconnaissante. Aujourd'hui, alors que la situation s'aggrave en Europe, à notre tour nous partageons vos inquiétudes et vos maux, et nous vous exprimons notre profonde sympathie. Nous faisons également tout notre possible pour vous offrir notre soutien, en dépit de la forte demande intérieure en fournitures médicales et des défis de production auxquels nous faisons face en Chine. Le gouvernement central chinois a fourni à l'UE et à ses états membres une grande quantité de dispositifs médicaux de protection, notamment des respirateurs, des masques, des lunettes et des combinaisons de protection. Les gouvernements locaux chinois, les organismes caritatifs et les milieux d'affaires, quant à eux, apportent également leurs contributions par divers canaux, tout comme les communautés chinoises vivant en Europe. Romano Prodi, ancien premier ministre italien et ancien président de la Commission européenne, a pour sa part déclaré à la Chine : ? Votre don est une marque d'amitié et de solidarité que nous n'oublierons jamais. J'espère que le monde comprendra que nous sommes vraiment tous dans le même bateau. ?
Dans la lutte contre le COVID-19, la Chine a fait d'énormes sacrifices et acquis de précieuses expériences. Ces expériences constituent un atout commun qui, nous l'espérons, pourrait éviter aux autres pays d'avoir à faire toujours plus de sacrifices. Les spécialistes de la santé chinois et européens travaillent en étroite collaboration, à la fois à distance et sur le terrain. Les deux parties partagent leurs bonnes pratiques par visioconférence. Les équipes médicales chinoises combattent la pandémie aux c?tés de leurs collègues européens en Italie et dans d'autres pays, en faisant part de leurs expériences et de leur expertise. Leurs interventions sont très appréciées, mais ils décrivent leurs actions en employant des mots simples : ? Nous sommes médecins. C'est notre devoir de protéger autant que possible les gens contre la maladie. Et nous irons là où les patients ont besoin de nous. ? Et d'ajouter : ? L'Italie a été l'un des premiers pays à envoyer une équipe de secours à la suite du grave tremblement de terre qui a eu lieu en 2008 dans la province chinoise du Sichuan. Ce n'est pas une co?ncidence si la première équipe médicale chinoise qui a été dépêchée en Italie est principalement composée de médecins du Sichuan. ?
Voilà pourquoi nous optons pour la coopération. Les virus ne font pas de discrimination entre les races ou les nationalités. La meilleure fa?on de s'aider soi-même, c'est d'aider les autres. Tenter de coller une étiquette chinoise ou européenne sur le coronavirus revient à mépriser la science et la vie. Notre lutte contre le virus n'a rien à voir avec le système social ou la géopolitique. Ceux qui politisent l'épidémie ou regardent d'un ?il suspect les efforts de la Chine font simplement preuve d'un esprit étroit et d'une attitude préjudiciable. Lorsque la vie et la santé des populations sont en jeu, la seule et bonne chose à faire consiste à mettre de c?té la politique ainsi que les préjugés et de participer à la lutte mondiale contre le virus.
La réponse à l'épidémie est tel un miroir qui reflète bien le fait que les relations entre la Chine et l'UE sont essentiellement axées sur la coopération et le partenariat. Grace à des mécanismes de dialogue fermement établis, les deux parties intensifient leur coopération en matière de diagnostic, de traitement, de recherches et de développement de médicaments et vaccins, en plus de mener des échanges réguliers d'informations et d'expertise. Nous voulons unir nos forces pour combattre et vaincre la pandémie.
Ce ? miroir ? reflète également l'importance mondiale que revêtent les relations Chine–UE. Soutenant et défendant le multilatéralisme, les deux parties partagent la conviction que, face aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés en ces temps difficiles, il est important de saisir ensemble les occasions, plut?t que de blamer autrui, de rejeter la faute sur son voisin ou de s'enrichir sur le dos de son prochain. Le Sommet extraordinaire du G20 sur le COVID-19 est sur le point de s'ouvrir. La Chine et l'UE doivent travailler ensemble pour défendre et favoriser la solidarité et la coopération internationales, en renfor?ant les maillons faibles et en recherchant une solution à long terme en vue d'assurer la sécurité sanitaire mondiale.
à l'heure où la menace du COVID-19 plane à grande échelle, la confiance, en particulier le haut niveau de confiance qui règne entre le gouvernement et les citoyens, a étayé l'impressionnante réponse de la Chine face au virus. De la même manière, seule la confiance contribuera à libérer nos esprits des préoccupations excessives et à rendre possible la coopération internationale. Et seules la confiance et la solidarité nous donneront le surplus de force nécessaire pour lutter contre le COVID-19 et l'emporter sur la pandémie.
*ZHANG MING est ambassadeur de Chine auprès de l'uE.
(Article publié le 26 mars 2020 dans The Brussels Times, Euractiv et EUobserver)