Faire de la consommation bas carbone une nouvelle tendance

Par ZHAO YANG, membre de la rédaction

Des touristes circulent à vélo autour du lac Yanqi dans l’arrondissement de Huairou, à Beijing, le 4 juin 2022.

La Chine a prolongé l’exonération de la taxe d’achat pour les véhicules à énergie nouvelle (VEN) jusqu’à fin 2023. C’est la troisième fois que la politique d’exonération est prolongée. Le pays a mis en ?uvre de nombreuses politiques visant à promouvoir la consommation verte, encourageant le changement de mode de vie de sa population.

La consommation quotidienne est une source importante d’émissions de gaz à effet de serre. Certaines études montrent que les émissions de carbone qui proviennent de la consommation des ménages représentent 65 % ou plus des émissions de gaz à effet de serre mondiales. En Chine, la consommation génère 53 % du total des émissions. Par conséquent, la promotion d’une consommation à faible émission de carbone est primordiale pour la protection de l’environnement.

Réutiliser des ressources dans une économie circulaire

Le développement d’une économie circulaire est l’une des mesures clés pour réduire les émissions de carbone. En plus du recyclage traditionnel des déchets, elle comprend également une forme de réutilisation techniquement plus exigeante. Zhu Di, responsable du projet clé du Fonds national pour les sciences sociales 2022 《Recherche sur les modes de vie bas carbone des citadins》et directrice adjointe du Bureau de recherche sur la sociologie de la consommation et de la culture relevant de l’Académie chinoise des sciences sociales, a expliqué que la consommation de produits d’occasion, en tant que domaine clé de la consommation bas carbone, permettait aux articles d’être réutilisés par les consommateurs. Ce qui, en soi, constitue la base du recyclage et de la réutilisation des ressources.

La promotion du concept de recyclage a en même temps favorisé la croissance de l’industrie dans ce domaine. Le groupe ATRenew est un acteur majeur de l’économie circulaire, il est la plus grande plateforme chinoise de collecte, de reconditionnement et de vente d’appareils électroniques grand public. Son mode de commerce s’inscrit parfaitement dans le double objectif carbone du pays. Tian Mu, responsable marketing du groupe, a déclaré que lors de sa création en 2011, les problèmes sur le recyclage des téléphones, tels que le manque de canaux de recyclage, l’opacité des prix et des normes et la fuite d’informations, étaient les préoccupations des consommateurs. Après plus de dix ans de développement, ATRenew a utilisé les mégadonnées et les moteurs d’algorithmes pour approfondir son travail en matière de tarification, d’inspection de la qualité et de protection de la confidentialité. Le groupe a ainsi pu réaliser une boucle fermée de la cha?ne industrielle, avec des services couvrant l’ensemble du processus, du recyclage à la vente.

En 2021, la contribution totale à la réduction des émissions de carbone des téléphones d’occasion d’ATRenew sur toute l’année a été d’environ 463 700 tonnes, ce qui équivaut au puits de carbone d’une forêt de plus de 153 000 ha. Par ailleurs, AHS Device, la branche internationale de l’entreprise qui couvre entre autres l’Asie du Sud-Est, l’Amérique latine et l’Afrique, renforce les cha?nes industrielles à l’étranger grace aux capacités techniques accumulées, s’engageant à réaliser un développement durable plus complet sur le marché mondial.

M. Tian est dans ce secteur depuis longtemps, il estime clairement que le concept de consommation bas carbone est entré dans l’esprit du peuple ces dernières années. De nouvelles politiques pertinentes sont régulièrement mises en place, ce qui a aussi apporté de grands avantages au développement du secteur. En 2016, le marché des transactions et des services liés à l’électronique d’occasion en Chine pesait 79 milliards de yuans, et il a atteint 309,5 milliards de yuans en 2021.

En janvier 2022, lePlan de mise en ?uvre pour la promotion de la consommation vertea été publié, proposant d’adopter au plus vite un mode de vie et de consommation plus modéré, bas carbone et plus sain, et précisant les principaux objectifs d’ici à 2025 et 2030. Selon M. Tian, cela permettra d’élargir davantage le marché et favorisera la normalisation, le développement à grande échelle et la régularisation du secteur.

LeRapport sur la réduction des émissions de carbone du commerce d’occasion en Chine en 2021, publié conjointement par l’Institut de l’énergie, de l’environnement et de l’économie de l’Université Tsinghua, Frost & Sullivan et d’autres institutions, prévoit que le marché chinois du commerce d’occasion devrait dépasser 3 000 milliards de yuans en 2025. Mme Zhu estime que, même si la consommation d’occasion n’est pas encore présente à grande échelle en Chine, le pays développe vigoureusement l’économie circulaire et les plateformes d’échange d’objets sont en plein essor. Dans ces conditions, la consommation d’occasion a de vastes perspectives et contribuera fortement à la formation de modes de vie verts.

Intégrer la consommation verte dans la vie quotidienne

D’après l’enquête sur la consommation urbaine bas carbone en Chine en 2022 menée par Zhu Di et son équipe de recherche, les consommateurs chinois ont une forte conscience de la protection de l’environnement et sont d’accord avec des modes de vie bas carbone. Selon Mme Zhu, le comportement de consommation est principalement influencé par les facteurs du système des offres, par exemple l’abondance ou non des produits verts sur le marché et leur rapport qualité-prix.

Par ailleurs, les consommateurs préfèrent acheter des produits verts, mais ils rencontrent des difficultés dans le processus d’utilisation et d’élimination. 《Des actions telles que le tri des déchets et l’apport de leurs propres couverts au restaurant sont considérés par les consommateurs comme contraignants et peuvent affecter leurs habitudes quotidiennes》, a expliqué Mme Zhu. C’est pourquoi elle estime qu’il faut que les produits et les services s’adaptent aux habitudes et aux modes de vie actuels des Chinois, c’est un moyen efficace de promouvoir plus vite et mieux la consommation bas carbone.

Panneaux solaires sur le toit du siège social du groupe Wanhua Chemical à Yantai (Shandong), le 7 ao?t 2022

De nombreuses études ont montré que les déplacements constituent l’un des domaines importants d’émissions de carbone, représentant 17 % des émissions totales liées à la vie quotidienne. Le développement rapide de l’industrie chinoise des VEN a donc donné une forte impulsion à la promotion des déplacements plus écologiques. Dans l’enquête de 2015, les consommateurs étaient surtout préoccupés par le temps et la commodité de la recharge des VEN. 《à l’époque, recharger une voiture, c’était comme faire un plein, il fallait se rendre à un endroit précis, a rappelé Mme Zhu, alors qu’aujourd’hui, on peut trouver facilement des bornes de recharge privées installées dans les quartiers d’habitation et sur les lieux de travail, la recharge n’est donc plus un problème. Voilà un exemple réussi d’innovation du système des offres qui adapte les produits et les services aux consommateurs.》

Selon Mme Zhu, les entreprises ne devraient pas se contenter de répondre aux demandes des consommateurs, mais plut?t les diriger. 《Le fait de n’utiliser que des outils fiscaux tels que les réductions d’imp?ts et les subventions n’est pas viable pour le pays, les entreprises et les consommateurs》, a-t-elle déclaré. Et d’ajouter que, dans l’exemple dans lequel les consommateurs de VEN avaient réalisé que la recharge était bien plus accessible, les entreprises avaient été au c?ur de cet effort, les médias et les organisations sociales avaient également joué un r?le actif, ce qui reflétait la puissance des mécanismes d’innovation sociale.

Exploiter le potentiel des groupes à revenu moyen

La consommation bas carbone est un mode de consommation quantifiable, les émissions de carbone sont l’outil pour le mesurer. Il est de ce fait important de conna?tre avec précision cet indice pour présenter l’état actuel de la consommation bas carbone et promouvoir son développement. Dans le rapport de l’enquête sur la consommation urbaine bas carbone en Chine en 2022, l’équipe de Zhu Di a utilisé un grand nombre de données et d’indicateurs chinois et étrangers faisant autorité pour calculer les émissions de carbone de trois types de voitures:à essence, hybrides et électriques. D’après les données de différentes villes, les émissions de carbone des voitures privées sont plus élevées dans les villes de premier rang. De plus, les groupes dont le revenu mensuel est inférieur à 10 000 yuans et supérieur à 30 000 yuans ont des émissions plus élevées, tandis que ceux avec un revenu entre 15 000 et 20 000 yuans ont les émissions les plus faibles.

《Les groupes avec un revenu mensuel inférieur à 10 000 yuans ont une proportion plus élevée de voitures à essence, tandis que les groupes à revenu élevé sont plus dépendants des voitures privées.》Mme Zhu a expliqué que ce résultat correspondait aux documents existants, indiquant que les groupes à revenu moyen étaient les moteurs principaux pour promouvoir la consommation bas carbone. 《Aujourd’hui, de nombreux produits verts ont un prix relativement élevé, et les groupes à revenu moyen possèdent un grand potentiel d’achat à cet égard.》

En outre, l’équipe de recherche a également constaté que, dans les métropoles telles que Beijing et Shanghai, la proportion de personnes qui préfèrent la marche et le métro pour se déplacer est supérieure au niveau national moyen. 《Le réseau de transport des villes de premier rang est plus mature, et les lieux de consommation quotidienne sont très proches des lignes de transport, des zones résidentielles et des p?les d’activité. L’accès à une consommation verte au quotidien est plus simple》, a déclaré Mme Zhu, en indiquant que cela pourrait ouvrir une voie au développement futur de la ville.

En 2023, l’équipe de recherche de Mme Zhu prévoit de collecter et de trier les données sur les politiques visant à promouvoir la consommation verte et les données carbone de la consommation quotidienne des deux dernières décennies, afin de construire des bases de données, qui seront ouvertes au public, dans l’espoir de vulgariser les connaissances sur les émissions bas carbone auprès du peuple.